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OBJECTIFS
- Savoir définir l'acidose, son caractère métabolique ou ventilatoire et son caractère isolé ou mixte
- Connaître la démarche diagnostique devant une acidose métabolique
- Connaître les principales causes d'acidose métabolique et leurs caractéristiques diagnostiques
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PLAN DU CHAPITRE
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1. Evaluation diagnostique des acidoses métaboliques
L'évaluation d'un patient avec une diminution de la concentration plasmatique de bicarbonate doit commencer par la réalisation de gaz du sang artériel pour exclure une hyperventilation primitive. L'acidose métabolique est définie par une augmentation de la concentration des protons > 42 nmol/l ou un abaissement du pH < 7,38. L'acidose est dite "métabolique" si la concentration plasmatique de bicarbonate est < 22 mmol/l. La PCO2 s'abaisse secondairement par compensation ventilatoire. Le degré de compensation ventilatoire permet dapprécier la possibilité d'un trouble acido-basique complexe. Normalement, la PCO2 diminue de 1,2 mmHg pour chaque baisse de 1 mmol/l de la bicarbonatémie. Si la PCO2 est significativement plus basse ou plus élevée que cette valeur, il faut alors suspecter respectivement une alcalose ou une acidose respiratoire associée.
La détermination du trou anionique plasmatique est la deuxième étape importante dans le diagnostic de l'acidose métabolique. Le trou anionique (TA) plasmatique représente la différence entre les cations et les anions mesurés :
TA = [Na] [ Cl] [HCO3]
Les valeurs normales "classiques" du trou anionique plasmatique sont de 7 à 13 mmol/l. Un TA > 16 mmol/l est considéré comme significatif et traduit la rétention danions indosés.
2. Diagnostic étiologique et physiopathologique des acidoses métaboliques
Lorsque l'acidose est liée à l'accumulation d'un proton combiné à un anion peu ou pas métabolisé, l'accumulation de cet anion non mesuré augmente le trou anionique. L'acidose est bien liée à l'accumulation de protons mais l'anion indosé non métabolisé devient alors un outil diagnostique précieux.
Au cours de tous ces désordres aboutissant à une acidose métabolique avec une augmentation du trou anionique, l'acide organique est ingéré ou généré plus rapidement qu'il ne peut être métabolisé ou excrété aboutissant à la fois à une perte nette de bicarbonates et à l'accumulation du sel de sodium de cet acide dans le plasma.
Les principales causes d'acidose métabolique avec trou anionique élevé sont :
- L'acidose lactique habituellement liée à une hypoperfusion systémique marquée ou un cancer.
- Une acidocétose liée à un diabète, à l'alcool ou au jeûne, situations au cours desquelles l'accumulation de béta-hydroxy-butyrate est le principal anion non mesuré.
- La plupart des patients en insuffisance rénale au cours de laquelle il y a rétention à la fois de protons et d'anions, comme les sulfates, phosphates et lhippurate.
- Les ingestions ou intoxications au cours desquelles l'anion principal accumulé est le formate avec le méthanol, le glycolate, le glyoxalate et l'oxalate avec l'éthylène-glycol, les cétones et lactates avec l'aspirine.
Les acides cétoniques, lactates, salicylates, méthanol et éthylène-glycol sont facilement mesurables et quantifiables par la plupart des laboratoires cliniques. L'ingestion d'éthylène-glycol ou de méthanol est habituellement associée à une augmentation du trou osmolaire plasmatique et l'éthylène-glycol produit une cristallurie d'oxalate de calcium.
Dans une acidose métabolique où l'excès d'acide est tamponné par un bicarbonate extracellulaire, le bicarbonate est remplacé sur une base équimolaire par le chlore et il n'y a pas de modification du trou anionique. L'acidose métabolique est dite "hyperchlorémique" en raison de l'augmentation de la concentration plasmatique de chlore.
L'acidose hyperchlorémique est une conséquence de la rétention nette d'HCl ou d'un équivalent métabolique (par exemple le chlorure d'ammonium et les sels chlorés d'amino-acides) ou une perte de bicarbonate de sodium ou son équivalent métabolique (excrétion de sel ou d'anion organique en excès proportionnel de chlore).
Les causes rénales de perte de bicarbonate peuvent être distinguées des causes non rénales par la mesure de l'ammoniurie. Au cours de l'acidose hyperchlorémique, une excrétion urinaire quotidienne d'ammonium inférieure à 1 mmol/kg est anormale et indique que le rein est la cause principale de cette anomalie. Si la mesure de l'ammoniurie n'est pas facilement disponible, celle-ci peut être estimée à partir du trou anionique urinaire :
TAU : UNa + UK - UCl
Un TAU > 0 signe lorigine tubulaire rénale de lacidose alors quun TAU < 0 signe lorigine extrarénale de lacidose.
- Acidose métabolique avec augmentation de l'ammoniurie :
- Les pertes gastro-intestinales de bicarbonates à partir d'aspiration digestive ou de diarrhée produisent une acidose hyperchlorémique si la vitesse de perte en bicarbonates excède les capacités de régénération rénale des bicarbonates.
- La génération de grandes quantités d'anions organiques produit une acidose hyperchlorémique si l'excrétion de l'anion est suffisamment rapide pour empêcher son accumulation dans le plasma. Les principales causes comprennent l'acétonurie (par exemple au cours de la phase de récupération d'une acidocétose diabétique), une acidurie hippurique provenant du métabolisme du toluène (inhalation de colle) ou d'une acidurie D-lactate dans le syndrome de l'anse intestinale borgne.
- L'administration de chlorure d'ammonium ou de sel chloré d'amino-acides produit une acidose hyperchlorémique en raison de leur métabolisme en HCl.
- L'administration d'autres sels chlorés peut également produire une acidose de dilution lorsqu'il existe une rétention franche du chlore comme par exemple au cours d'une déplétion volémique du liquide extracellulaire, dune insuffisance cardiaque ou après l'administration rapide de solutés salés isotoniques par voie intraveineuse.
3. Traitement des acidoses métaboliques
Lacidose métabolique aiguë sévère (définie par un pH < 7,10 et une bicarbonatémie < 8 mmol/l en présence dune compensation respiratoire adéquate) est une situation grave mettant en jeu le pronostic vital en raison de multiples complications (insensibilité aux catécholamines, diminution de la contractilité cardiaque, diminution des débits cardiaques et tisulaires, sensibilisation aux arythmies ventriculaires, inhibition du métabolisme cellulaire, confusion et coma).
Pour les acidoses métaboliques par excès dacides inorganiques (acidoses hyperchlorémiques et les acidoses par intoxication), avec ou sans insuffisance rénale sous-jacente, le traitement fait généralement appel à ladministration exogène de bicarbonate de sodium et à la correction de la cause lorsque cela est possible.
Ladministration de bicarbonate dans le traitement des acidoses métaboliques par excès dacides organiques est plus controversée. La controverse tient au fait que lanion organique accumulé est rapidement oxydé en bicarbonate lorsque la cause de lacidose est corrigée. Les risques dune "surcorrection" par du bicarbonate de sodium sont la survenue dune alcalose métabolique "rebond", lélévation de la pCO2 tissulaire et enfin lhypernatrémie et la surcharge hydrosodée chez des patients avec une insuffisance cardiaque ou rénale sous-jacente (auxquels cas un traitement diurétique et/ou une hémofiltration peuvent être nécessaires).
Le bicarbonate de sodium doit être administré en perfusion intraveineuse. La quantité de bicarbonate est calculée sur la base du déficit en bicarbonate et du volume de distribution présumé : quantité HCO3 en mmol = delta [HCO3-] x 0,5 x PDC (en kg). Lobjectif est de remonter rapidement le pH sanguin au-dessus de 7,20 et la bicarbonatémie au-dessus de 10 mmol/l.
Le traitement de ces acidoses chroniques dorigine rénale est impératif afin de prévenir ou de corriger la fonte musculaire (la protéolyse musculaire est stimulée par lacidose métabolique et lhypercortisolisme résultant), la lithiase rénale ou la néphrocalcinose, la déminéralisation osseuse et chez lenfant le retard de croissance. Le traitement fait appel à ladministration de sels alcalins (bicarbonate ou citrate) de sodium ou de potassium selon le mécanisme de lacidose.
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LECTURES RECOMMANDÉES
- Gluck SL. Acid-base. Lancet 1998;352:474
- Adrogue HJ, Madias NE. Management of life-threatteneing acid-base disorders. NEJM 1998;333:26
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Mise-à-jour : samedi 7 octobre 2000
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