La maladie des membranes basales minces est une affection relativement fréquente, caractérisée histologiquement par un amincissement diffus et généralisé de la membrane basale glomérulaire (dans cette affection l'épaisseur est de 150 à 225 nmètres contre 300 à 400 nmètres pour les sujets normaux. Cette affection est le plus souvent familiale et transmise selon un mode autosomique dominant et représente la majorité des cas de ce qui a été appelé autrefois "hématurie familiale bénigne".
1. Manifestations cliniques et diagnostic
La plupart des patients sont asymptomatiques et présentent seulement une hématurie microscopique découverte lors d'examens systématiques ou éventuellement une protéinurie légère à modérée habituellement inférieure à 1,5 g/jour. La fonction rénale est habituellement normale. Dans quelques cas, la protéinurie ou l'hématurie macroscopique est au premier plan. Dans certains cas peu fréquents, des douleurs lombaires récidivantes sont associées à ces anomalies urinaires. Cette association a été individualisée comm un syndrome "lombalgies-hématurie" dont la présence doit faire essentiellement rechercher la possibilité d'une lithiase rénale surajoutée, en particulier lorsqu'il existe une hypercalciurie et/ou une hyperuraturie.
2. Diagnostic
La maladie des membranes basales minces doit être distinguée d'autres formes d'atteinte glomérulaire responsables d'une hématurie isolée : la néphropathie glomérulaire à dépôts mésangiaux d'IgA et la néphropathie héréditaire avec surdité ou syndrome d'Alport.
Les patients avec une néphropathie à IgA ont souvent des épisodes d'hématurie macroscopique et une histoire familiale négative.
Les patients avec un syndrome d'Alport ont une hématurie macroscopique et typiquement une histoire familiale d'insuffisance rénale avec prédominance d'atteinte des sujets masculins.
Le diagnostic de certitude repose sur l'étude histologique mais la biopsie rénale n'est habituellement pas faite chez des patients se présentant avec une hématurie microscopique minime et strictement isolée (fonction rénale normale, pas d'hypertension, pas de protéinurie).
Le mécanisme de cette affection a été mis en évidence au moins dans certaines familles dans lesquelles il existe une anomalie sur le gène codant pour la chaîne alpha 4 du collagène de type 4. La maladie est transmise selon un mode dominant parce que le produit du gène anormal est responsable de telles anomalies du collagène, que celles-ci interfèrent avec l'architecture normale de la membrane basale. Il est important de noter que des mutations homozygotes dans ce gène sont responsables de tableaux cliniques de syndrome d'Alport sans atteinte auditive et oculaire.
Le pronostic à long terme est excellent chez la plupart des patients. Une insuffisance rénale lentement progressive peut survenir chez certains patients et se traduit essentiellement cliniquement par une protéinurie abondante, une hypertension artérielle et histologiquement par une glomérulosclérose focale et segmentaire. La fréquence d'une insuffisance rénale progressive est de 5 % des patients atteints. Ces formes protéinuriques et/ou progressives semblent bénéficier d'un traitement inhibiteur de l'enzyme de conversion même en l'absence d'hypertension artérielle.